un article de sudouest intéressant sur les répartitions financières
E
conomiquement parlant, Laurent Marti, le président de l'Union Bordeaux-Bègles, vivra samedi le multiplex de la dernière journée plus sereinement que ses homologues du football marseillais, monégasques ou stéphanois, nez devant la manne de 20 millions d'euros offerts de la Ligue des champions, changement de dimension et/ou risque d'accident industriel qui va avec. L'UBB et le rugby n'en sont pas (encore ?) là, et il s'agira de recruter deux joueurs en cas de réussite et non de dégraisser en cas d'échec.
L'enjeu financier pour le club girondin, qui terminera entre la 5e et la 8e place selon son résultat à Toulouse, n'est pas non plus anodin. Il approchera peu ou prou le million d'euros selon le haut ou le bas de la fourchette, pas rien pour un budget qui a doublé en quatre ans et doit encore gonfler de plus de trois millions la saison prochaine (lire ci-contre). Sans compter « les retombées indirectes, pour l'attractivité sportive, les partenaires ». Le plus important pour Laurent Marti. « C'est comme quand certains se demandaient en 2011 si on était monté trop tôt en Top 14. La Champions Cup, c'est l'étape suivante dans la construction. »
20,5 Millions d’euros
Le budget prévisionnel 2015-2016 de l’UBB. Le club girondin bouclera celui de l’exercice en cours, « équilibré » autour de 17 M€, contre 15,8 M€ prévus au départ. La saison prochaine, l’UBB mise sur de la billetterie supplémentaire grâce aux 3 matches de plus à Chaban-Delmas et aux 3 matches au Nouveau Stade, et sur 1 million d’euros supplémentaire de billetterie. En 2011-2012, pour la première saison en Top 14, il était de 8,7 M€.
1 Le barrage de Top 14, ça rapporte (un peu)
La seule participation aux phases finales ne suffit pas à changer de train de vie. Des six qualifiés, seuls deux encaisseront directement t une partie de la billetterie : les 3e et 4e, autorisés à garder 8 % des recettes nettes (1) des barrages qu'ils organisent dans leur stade. Les 92 % restant, comme les recettes nettes de la billetterie des demi-finales et de la finale, tomberont dans « une caisse de blocage » redistribuée ensuite à l'ensemble des clubs selon un pourcentage dégressif pour les six qualifiés, puis égal pour les autres (2).
Concrètement, en considérant un montant de la caisse de blocage équivalent à la saison dernière (3,8 millions d'euros, elle devrait augmenter via un nouveau système), le moins bien classé des éliminés en barrage touchera 228 000 euros, soit 47 500 de plus que les vacanciers. Le champion, lui, engrangera 608 000 euros.
Pour la première année aussi, une (petite) partie des droits TV/marketing est redistribuée en fonction du classement de la saison actuelle : 650 000 euros pour chacun des six premiers, puis un dégrèvement de 50 000 euros par place. Une autre partie, calculée sur les 30 clubs Top 14/Pro D2, est elle calculée sur le classement des 5 dernières saisons : pour l'UBB, il s'agit de remplacer 2010-2011 (5e de Pro D2). Chaque rang de ce classement grappillé rapporte autour d'une dizaine de milliers d'euros.
Gain minimum (si élimination en barrage) entre qualification et non qualification : 160 000 euros (5e place), 110 000 euros (6e place).
2 Le barrage européen, ça ne rapporte rien
C'est la voie détournée vers la Champions Cup, pour le 7e du Top 14 : un barrage sur un match sec chez un club britannique. La recette nette de la billetterie est partagée à part égale entre les deux équipes. De quoi surtout… couvrir les frais de déplacement pour le club français, d'autant que cette saison la rencontre se disputera soit à Worcester (le stade de Gloucester, club anglais qualifié au pré-barrage est occupé par un concert le 31 mai) soit au Connacht et son stade de 7 000 places à Galway. En bref, le seul intérêt est de le gagner.
Gain : faible à nul.
3 La Champions Cup, ça rapporte beaucoup
C'est une ligne facile à inscrire dans son budget : la différence de droits TV/marketing entre la Champions Cup (900 000 euros) et la Challenge Cup (600 000 euros) est de 300 000 euros. Vient s'ajouter un gain selon le parcours et, a minima, la billetterie des matches de poules. « On ne sait pas comment réagirait le public bordelais. Mais un match de Challenge Cup classique rapporte 50 000 euros. En remplissant Chaban pour un gros match de Champions Cup, ce serait 400 000 euros » dit Laurent Marti, prêt à envisager une délocalisation au Nouveau Stade « s'il s'agit d'une province irlandaise comme le Leinster ou le Munster ou les Saracens, en début de compétition ». Et s'il est peu probable que les trois matches de poule fassent le plein, le bénéfice n'est pas neutre.
Une qualification européenne ne changerait en revanche rien aux tickets d'entrée partenaires : la plaquette a déjà été imprimée.
Gain entre Champions Cup et Challenge Cup : 600 000 à 1 million d'euros (si élimination en poule).
(1) C'est-à-dire greffés des taxes de spectacle, de 2 % reversé à la Fondation Ferrasse et du remboursement des frais à l'organisateur (fixés par le cahier des charges) pour les demi-finales et la finale.
(2) 16 % pour le champion, 14 % pour le finaliste, 12 % pour le demi-finaliste le mieux classé, 10 % pour l'autre demi-finaliste, 8 % pour le barragiste éliminé le mieux classé, 6 % pour l'autre barragiste, 4,75 % pour les 8 autres.