Paris va mal
paris Apathiques, peu agressifs et maladroits, les soldats roses ont touché le fond face à Pau.
Vont-ils s’en sortir ?
Par Marc DUZAN
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Sergio Parisse dit que « les grands discours sont inutiles » dans ce genre de contexte. Pour
expliquer l’inexplicable, on s’en tiendra donc aux chiffres : 26 points en 26 minutes, une bonne
vingtaine de plaquages manqués, tout autant de ballons vomis dans les zones de contacts et, in
fine, une douzième place qui a de quoi inquiéter les dirigeants parisiens, à la lumière de la fin de
saison qui attend désormais les Soldats roses, plus que jamais dans le viseur d’Oyonnax, Brive et
Agen en vue du maintien. Pour tout dire, et même s’il n’a jamais voulu focaliser sur sa personne la
portée de cet ultime match, Greg Cooper aurait probablement mérité une tout autre sortie. Touché,
meurtri, lui concédait simplement en fin de rencontre : « Sur le terrain, nous nous sommes isolés et
avons perdu toutes nos structures… Nos porteurs de balle n’avaient pas la moindre protection et,
en face, il y avait le meilleur gratteur du championnat : Steffon Armitage. Voilà tout… »
Quelle gifle, mes aïeux ! Et quelle drôle de confirmation, pour ceux qui répétaient il y a peu que le
Stade français était au mieux dans une saison de transition, au pire menacé de relégation.
Apathiques, dangereusement maladroits et absents en défense, les coéquipiers de Sergio Parisse
ont probablement produit dimanche après-midi la pire performance de ces cinq dernières années.
Alors, vous nous direz probablement que face à Pau, les trois meilleurs parisiens de ce début de
saison «moyennasse» (Jonathan Danty, Sekou Macalou et Paul Gabrillagues) étaient absents, car
réquisitionnés par Jacques Brunel à Marcoussis. Il n’empêche : ce Stade français à l’effectif limité
présentait tout de même onze internationaux au coup d’envoi de cette rencontre, dont un flanker
Springbok, un pilier Wallaby, le capitaine de la sélection italienne et un demi d’ouverture comptant
la bagatelle de 15 sélections en équipe de France. Jules Plisson a été mauvais, n’est-ce pas ?
Oui, très. De là à dire que le numéro 10 du Stade français, qui a sauvé Jean-Bouin de bien
d’autres naufrages, méritait les huées fanatiques et les lourds sarcasmes entendus ici et là, il y a
un pas qu’on ne saurait franchir. Tout ça n’est qu’un jeu, ma bonne dame, et le Steyn dont les
pourfendeurs de Plisson chantaient la gloire à son entrée en jeu (54e minute) ne fut pas plus
inspiré que son cadet. Doux euphémisme…
Les Brivistes à quatre points…
« J’espère que les deux semaines de repos vont nous permettre de nous vider la tête et basculer
sur autre chose », concédait Sergio Parisse face aux journalistes. Quoi qu’en dise le numéro 8 du
Stade français, il semble aujourd’hui que la guérison ne sera pas aussi simple et que le mal est
plus profond. À l’hiver 2018, le squad des Soldats roses n’est clairement pas assez large pour
évoluer sur deux compétitions (championnat et Challenge européen) et, à l’heure où les gros bras
du Top 14 en sont à boucler leur recrutement, il semble urgent pour les Parisiens d’élargir leur clan
et, surtout, bétonner le contrat de Waisea (juin 2019), dont le nom circulait il y a peu de temps
encore de l’autre côté du périph ‘. Paris va mal. Paris est malade et, de l’extérieur, on se dit que la
dernière ligne droite pourrait bien s’avérer périlleuse pour les Soldats roses : le prochain
déplacement à Toulon n’est pas un cadeau, la réception d’Agen sent le match de la « muerte » et
Brive n’est qu’à quatre points derrière. Gare à la sortie de route…