Les Parisiens ont lavé l'affront
Stade Français - Montpellier 82 -12
Par Frédéric Augendre
Le 30 janvier 2005 à 00h00
COMMENT qualifier
un tel match ? Une correction ? Une démonstration ? Une marche triomphale ? En plantant douze
essais à une équipe de Montpellier totalement débordée, le Stade Français a signé hier soir
sur sa pelouse un score assez rare dans le jeu de rugby. 82 -12, c'est le nouveau record du
championnat depuis l'avènement de la poule unique, à comparer au 57-5 de Bourgoin - Narbonne
en septembre.
Il faudra peut-être aussi créditer les champions de France en titre d'un deuxième
record, celui de l'essai le plus précoce, marqué à la quinzième seconde par Julien Arias. Au
Newsletter L'essentiel du matin
ralenti : coup d'envoi par Brian Liebenberg, à la réception le troisième ligne montpelliérain
Vallée manque le ballon, Sarraméa le récupère et s'infiltre au milieu des adversaires, avant
de servir son ailier.
« On a remis certaines choses en place »
Cela peut couperla chique à un adversaire même coriace, surtout lorsqu'il s'en reprend un deuxième à suivre
dans la musette (4eminute), par le tout jeune talonneur Benjamin Kayser, 20 ans,
qui fêtait sa première titularisation. « Cela commençait vraiment mal, on était à Paris, dans
nos têtes il est devenu évident que cela serait difficile, avoue l'ouvreur écossais de Montpellier,
Gregor Townsend. Ce n'est évidemment pas le genre d'état d'esprit à avoir face à une équipe
en forme. »
Et la dégelée s'est amplifiée. Si les Parisiens gardaient quelque affliction de
la déculottée reçue au match aller (49 -25 à Montpellier), l'affront a été lavé. « Je n'étais
pas là-bas, explique Kayser, mais je sais qu'on avait pris l'adversaire à la légère, et qu'on
s'est fait un peu cabosser. Si le coach n'a pas voulu trop insister là-dessus dans la préparation
du match retour, il est clair que, pour les joueurs, c'était bien présent dans les esprits.
» L'arrière Ignacio Corleto, auteur (comme Kayser) de trois essais hier soir pour son retour
à la compétition après quatre mois d'absence, dit de son côté qu'il y avait « quelque chose
de spécial dans l'approche mentale de ce match, pas de la revanche, mais quelque chose ».
Lescompteurs ont-ils été remis à zéro ? « Pas vraiment, dit Christophe Dominici, car les points
de la défaite, on ne les récupérera pas. Mais on a remis certaines choses en place. » A l'évocation
du score, il rigole : « C'est bien qu'il y ait des jeunes dans l'équipe, nous, les anciens,
on aurait peut-être mis le frein à main à partir d'un moment. » Puis, pour expliquer la débâcle
adverse : « Quand une équipe a lâché, c'est compliqué pour elle, cela devient dur de se faire
mal, de se déplacer, de plaquer. Un boxeur qui prend un K.-O, ça lui parle. »
C'est un des premiers matchs que j'ai vu à Jean Bouin, ça rappelle une belle époque.