[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]PRO D2 - Néophyte dans le costume d’entraîneur, toujours en formation pour décrocher son diplôme, le nouveau coach des ¾ de Soyaux-Angoulême Mirco Bergamasco s’est longuement confié à Rugbyrama cette semaine. L’ex-international italien aux 89 sélections à XV, déjà très exigeant envers lui-même et son groupe, savoure sa nouvelle fonction.
Rugbyrama : Commencer sa carrière d’entraîneur chez les professionnels par une victoire bonifiée à Nevers (18-24), c’est l’entame rêvée, non ?
Mirco Bergamasco : Ce qui fait plaisir, c’est que les joueurs ont vite adhéré au projet de jeu mis en place, ça leur plait. L’équipe croit en ce que l’on propose. J’ai ressenti une prise de conscience que l’on peut mettre en difficulté toute équipe. Quand tu arrives à sortir un match comme ça face à un concurrent direct, c’est en bonne voie. On a beaucoup misé sur ce que le rugby moderne nous demande : la vitesse. En attaque comme en défense.
C’est d’ailleurs la deuxième fois seulement, depuis sa montée en Pro D2 (2016), que le SA XV n’encaisse aucun essai lors d’une rencontre à l’extérieur.
M.B : On ne va pas s’enflammer, c’est un premier match. 0 essai encaissé oui, mais on a quand même pris 18 pénalités, surtout en défense. Il faut régler ça. Je veux des acteurs en défense, pas des spectateurs. Je suis intransigeant là-dessus. Si on ne s’y file pas, là je ne serai pas content. Chaque week-end, il faut ajouter une brique à notre construction.
Vous aviez signé un contrat de 2 ans avec le club d’Aubenas, en Fédérale 1, l’an passé. Pourquoi avoir choisi de rejoindre Soyaux cette saison ?
M.B : Je voulais rentrer en France l’année dernière pour voir si je peux être un bon entraîneur. En Fédérale 1, ce n’est pas les mêmes moyens qu’en Pro D2 et Top 14. En mars dernier, j’ai rencontré Adrien Buononato qui venait de signer à Angoulême. On s’est rencontré par hasard à Lyon. Je savais qu’il cherchait un entraîneur des ¾ mais ce n’était pas calculé, j’étais en première année de formation pour valider mon diplôme d’entraîneur. On a passé deux heures ensemble, les envies étaient les mêmes. On s’est eu deux fois au téléphone après, et c’était parti. Mais j’ai beaucoup de boulot à faire (rires). Pouvoir entraîner aux côtés d’Adrien, qui est dans le circuit depuis 12 ans, je n’ai qu’à apprendre.
" Je ne veux pas arriver à la fin de saison en me disant : "Put*, j’ai oublié de faire ça, j’ai été faignant sur ça""
Premier bilan ?
M.B : Le pire, c’est que ça me plait (rires) ! Je n’ai jamais pensé que ça m’amènerait autant d’enthousiasme. Ce qui est intéressant, c’est d’arriver dans un club où l’on a les clés en main pour construire quelque chose. Sans les mains liées ou quelqu’un qui nous dit : "il faut faire ci, il faut faire ça". Je pense que Didier (Pitcho, le président) a dit à Adrien : "Tu as les clés du camion, à toi de le faire rouler." Moi je m’occupe de la défense. Adrien me laisse la liberté de gérer tout ça. On est très complémentaire, on a une bonne organisation. Il n’interviendra pas sur mon boulot, sauf s’il me demande. Et ça, c’est génial.
Adrien Buononato nous confiait cet été que vous savez exactement où vous voulez aller
M.B : Chaque fois que je me mets sur quelque chose, je le fais à fond. J’essaie de toujours trouver la solution. Je me remets en question quand les choses ne vont pas. Je le faisais quand j’étais joueur, je le fais comme entraîneur, encore plus. Si je peux donner mon coup de main avec mon expérience, je suis content. Il s’est passé pas mal de choses pendant six ans, après ma blessure. J’ai joué partout, à 7, à XIII, même en seconde division italienne... Ça m’a permis d’ouvrir mon esprit et voir comment gérer les différents niveaux. Là, j’ai trois ans de contrat, on verra ce qu’il se passe après. Si je suis bon, peut-être que je continuerai. Je ne veux pas avoir de regrets.
Qu’entendez-vous par "regrets" ?
M.B : Pas forcément sur les résultats, mais sur mon boulot à moi. Je ne dois pas m’endormir. Même quand les choses vont bien, il faut garder l’attention des joueurs, trouver de nouvelles idées. Je ne veux pas arriver à la fin de saison en me disant : "Put*, j’ai oublié de faire ça, j’ai été faignant sur ça." Je ne peux pas.
" Je pense que le collectif est très fort. Si chacun met ses qualités à disposition du collectif, on peut mettre en difficulté n’importe qui"
Cela reste lié aux résultats, quand même, quelque part.
M.B : Le but principal, c’est gagner des titres, on est d’accord. Personne ne rentre sur le terrain en disant : "on ne sera jamais champion, du coup on fait ce qu’on peut". Après, des fois tu gagnes en faisant un match de merde, parce que tu as du cul. Mais, même dans la victoire, il faut voir ce qui s’est mal passé. Je vois toujours un défaut, et je veux que le défaut soit réglé.
Mesurez-vous déjà l’attente que suscite votre duo avec Adrien Buononato en Charente ?
M.B : Bien sûr que je la ressens. Quand il y a des changements, les supporters s’attendent toujours à plus. On les a rencontrés. Ils nous disent, un peu en rigolant : "on aimerait aller dans les six." Mais c’est normal, c’est la quatrième saison en Pro D2. Sur le papier, peut-être que l’on n’a pas les meilleurs joueurs, mais je pense que le collectif est très fort. Si chacun met ses qualités à disposition du collectif, on peut mettre en difficulté n’importe qui.
Vous enchaînez avec un déplacement à Montauban, ce vendredi (18h20). Le SA XV n’a jamais gagné deux fois de suite à l’extérieur en Pro D2. Ce serait un signal fort, en cas de succès.
M.B : Adrien, j’adore quand il dit : "il faut se fabriquer des souvenirs à l’extérieur." (interview Buononato) Déjà le match à Nevers, ça doit être un souvenir, une prise de conscience. Ce n’est pas parce que l’on se déplace que l’on ne peut pas jouer comme à la maison. Tout le monde doit être concerné. A l’extérieur ou à la maison, c’est le meilleur qui joue. Point. Il n’y a pas de calcul à faire. Le message est bien passé, je pense que les joueurs l’ont bien intégré dans leur tête. Je ne dis pas accepter, mais ils le vivent. Si on ramène des points de Montauban, ce sera bien et important pour la suite. Après, je ne dis pas combien de point.
" Tu ne peux pas dire que tu ne prends pas de plaisir à regarder la France aujourd’hui"
1h après le coup de sifflet final, il y a un match international qui devrait vous intéresser...
M.B : (rires) Adrien est d’origine italienne, moi je suis italien donc France-Italie, on est obligé de le regarder ! Je pense que pendant la 3e mi-temps, il y aura les écrans pour.
Un pronostic ?
M.B : Ce genre de "derbys' internationaux, ça se joue vraiment à rien du tout. Le score sera serré. Petit avantage quand même pour la France. C’est sa dernière cartouche. L’Italie a encore un match la semaine prochaine, contre l’Angleterre. Il y aura des choses à essayer, voir si ça marche et s’il faut changer quelque chose avant le premier match de la coupe du Monde. Si tu n’essayes pas maintenant...
Et le mondial des deux équipes, justement ?
M.B : L’Italie, avec la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud, c’est costaud...Par rapport aux poules du passé, c’est la plus dure. Je vois mal l’Italie rebondir après 2-3 années de doutes. Je pense qu’elle aura sa 3e place... Après, la France, c’est costaud aussi. Elle doit gagner au moins un des deux matches contre l’Angleterre et l’Argentine pour espérer les quarts. Il y a un jeu qui est mis en place, quelque chose qui bouge par rapport à ce que j’ai vu huit mois avant. Tu ne peux pas dire que tu ne prends pas de plaisir à regarder la France aujourd’hui. Il y a du déchet, c’est sûr. Il ne faut pas oublier qu’ils s’y filent comme des fous depuis deux mois. Ce n’est pas important d’être performant en match amical, mais au premier match de la Coupe du monde. Il n’y a que les joueurs et le staff qui peuvent savoir ce qu’il se passe
RR