Seulement dixième du Top 14, le Stade Français a vécu une première partie de saison particulièrement agitée avec l’annonce des futurs départs de plusieurs joueurs cadres et de Gonzalo Quesada. Le président Thomas Savare s’est confié à RMC Sport.
Après seize journées, le Stade Français n’est que dixième du Top 14. Quel bilan tirez-vous de cette première partie de saison ?
Un bilan comptable très mauvais. Le niveau de jeu a été inégal. Paradoxalement, nous avons fait quelques bons matchs à l’extérieur sans ramener beaucoup de points. A la maison, le niveau de jeu a été pas mal mais sans plus avec quelques victoires pas très nettes. Le bilan est globalement décevant par rapport à nos objectifs. Cette dernière défaite contre Toulouse a fait très mal, avec la fin de notre invincibilité à la maison. Ce match pouvait nous redonner un peu d’espoir.
La qualification pour les phases finales est-elle encore possible ?
Oui, les miracles sont toujours possibles… Je pense que ça va être très compliqué. Il va falloir aller gagner beaucoup, beaucoup de matchs à l’extérieur. Ce que nous n’avons pas été capables de faire jusqu’à maintenant. L’équipe doit se remettre en question si on veut un miracle. Ça serait une déception de ne pas se qualifier, même si ce n’est pas encore fini. Mais il va falloir une sérieuse remise en question…
Ce serait un nouvel échec après la mauvaise saison dernière…
Oui, pourtant nous avons les moyens de le faire. Sur ce début de saison, nous n’avons pas réussi à être performants et prendre les points. Pourquoi ? Je n’ai malheureusement pas d’explications. Il y a toujours des excuses. L’effectif a été un peu déstabilisé par ce qui s’est passé avec tout ce qui s’est passé en début de saison. La réalité est que nous n’avons pas trouvé les solutions.
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Comment avez-vous vécu les annonces des futurs départs de joueurs (Slimani, Lakafia, Sinzelle, Doumayrou, Bonneval) mais aussi de Gonzalo Quesada ?
Difficilement. C’est très désagréable de voir l’effectif déstabilisé par un certain nombre de choses extra-sportives. Ça vient gâcher un peu les efforts de tout le monde. Depuis, nous avons stabilisé les choses mais nous en avons souffert. On le redoute toujours. Je ne sais pas si nous aurions pu mieux l’anticiper. Peut-être.
Pourquoi n’avez-vous pas réussi à les conserver ?
Chaque cas est particulier. Il y a un peu de tout : des motivations salariales, sportives et personnelles.
Au mois de septembre, vous nous aviez déclaré votre optimisme quant à l’avenir de Gonzalo Quesada. Alors pourquoi va-t-il partir ?
C’est un choix mutuel. Nous sommes tous les deux arrivés à la même conclusion. Un nouveau cycle démarre sur lequel Gonzalo n’avait pas envie de repartir. Et je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure personne pour repartir à nouveau sur un tel cycle.
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C’est-à-dire ?
Il faut la motivation de repartir avec des joueurs qui ont peut-être un peu moins d’expérience. On ne repart de zéro mais un nouveau cycle et de nouveaux joueurs. Il faut avoir cette énergie pour remettre la dynamique en place. C’est un métier usant.
Gonzalo Quesada travaillait sur l’arrivée de deux ou trois gros joueurs mais vous sembliez ne pas aller dans le même sens. Est-ce vrai ?
On a toujours des débats sur qui aller chercher, quel profil et quel budget. Mais c’est sûr que nous ne souhaitons nous laisser entraîner dans une inflation salariale qui n’a pas de sens. Peut-être que le budget que nous avions mis en place pour le recrutement de nouveaux joueurs ne coïncidait pas avec les ambitions de Gonzalo. Mais c’est débat récurrent.
Que répondez-vous, notamment à vos supporters, qui regrettent une certaine frilosité du club ?
Frilosité est un mot franchement déplacé. Je ne vous communiquerai pas l’argent qu’on a investi dans le club. Mais j’invite tous les supporters et ceux qui trouvent qu’on n’investit pas assez à investir dans un club comme le Stade Français... Il faut aussi rester raisonnable et ne pas se laisser embarquer dans des choses délirantes. Notre objectif est d’assurer la viabilité du club. La politique de stars n’a jamais été celle du Stade Français. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas de bons joueurs mais nous avons vocation à avoir un effectif équilibré entre des joueurs de calibre international, des joueurs de club, des jeunes qui montent et qui ont faim. C’est une question d’équilibre.
Certains joueurs sont malgré tout inquiets notamment Sergio Parisse qui s’est récemment exprimé dans la presse. L’avez-vous rencontré et que lui avez-vous dit ?
Oui, je l’ai rencontré mais je ne vais pas vous dire ce qu’on s’est dit. Il se posait des questions légitimes. Il a eu des réponses et je ne pense pas qu’il soit inquiet aujourd’hui. Je pense l’avoir rassuré.
Comment allez-vous pallier ces départs et rester compétitifs ?
On va chercher des joueurs qui ont du caractère, du talent et du potentiel, qui ont envie de se mettre en danger ou de progresser. Ce seront des Français et des étrangers. Il nous reste encore cinq ou six joueurs à recruter (ndlr : pour le centre de Toulon Jimmy Yobo et le pilier de Massy Elies El Ansari se sont déjà engagés).
Le Stade Français reste-t-il selon vous un club attractif ?
Oui, ça reste une belle marque du rugby mondial. C’est Paris et un des plus veaux palmarès du rugby français.
Le palmarès est une chose mais Paris est-il un club d’avenir ?
Le virage que nous allons prendre prépare l’avenir et le Stade Français à l’évolution du rugby en France. Je pense aux réformes qui vont arriver en donnant davantage la priorité à l’équipe de France, aux joueurs français, la formation et une forme de jeu plus moderne. Peut-être que nous prenons ce virage un peu tôt mais il vaut mieux trop tôt que trop tard.
Enfin, la vente du club est régulièrement évoquée. Qu’en est-il concrètement aujourd’hui ?
Le dossier n’en est nulle part. (Rires) Il n’y a aucune piste sérieuse. C’est vrai qu’il y a eu une approche sérieuse qui n’a pas abouti voilà deux ans. Il y a eu deux approches, moins sérieuses je pense, en début de saison. Voilà où on en est. Le rugby est une entreprise. C’est un projet de passion et on essaie que ce soit viable.
Vous laissez la porte ouverte à une vente en cas de proposition intéressante…
Oui, mais il faut qualifier ce qu’est une proposition intéressante. C’est une proposition qui assurerait la pérennité du club avec un projet cohérent et solide.
Votre père est-il également toujours aussi passionné et motivé par le Stade Français ?
Oui, toujours aussi passionné et motivé. Mais on discute aussi en termes d’entreprise et d’investissement. Ce n’est pas seulement de la passion mais aussi de la raison.
Propos recueillis par Jean-François Paturaud
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